Auteur :Heinrich Böll (Prix Nobel)
Traduit de lAllemand parS. et G. De Lalène
Résumé :Belle et mystérieuse, issue de la bourgeoisie mais vivant en marge de celle-ci, Léni traverse les péripéties de sa vie et les drames de son époque comme en état de grâce. Aux yeux de ceux qui lapprochent et ne peuvent se faire delle une image rassurante et conventionnelle, elle demeure une fascinante énigme.
Une grande fresque de la société allemande, de lère wilhelminienne à nos jours, dont une femme "pure", indestructible, demeure le centre.
LAvis des Lecteurs(trices) :
Le grand auteur allemandHeinrich Böllnous propose un portrait. Dailleurs, le titre le louvrage porte bien son nom : «Portrait de groupe avec dame». La dame en question se nomme Léni Pfeiffer, née Gruyten. Elle est belle, trop sans doute (cela attise les mauvaises langues) mais surtout mystérieuse. Cest comme si personne navait jamais su la déchiffrer ni comprendre les faits et gestes de sa vie. Et lauteur-narrateur-enquêteur, bien quil reste toujours en retrait même sil est constamment présent, fait de son mieux pour élucider ce mystère. À travers les témoignages de multiples personnes (amies de jeunesse Margret Sclömer, née Zeist, et Lotte Hoyser, née Berntgen, domestique des parents Marja van Doorn, partenaire financier du père Otto Hoyser, enseignante au pensionnat soeur Clémentine, etc.), lauteur parvient à dresser un portrait de Léni. Mais chaque nouvelle information soulève un mystère nouveau. Cest un casse-tête sans fin. Sans nécessairement se contredire, les différents témoins livrent une image, une facette inattendue de Léni. Oui, elle semble être une femme correcte, une bonne Allemande, travailleuse, peu portée vers le luxe ou laccumulation de richesse (elle se départit dun immeuble, sous-loue des appartements à un prix dérisoire). Aussi très patriotique. Mais, en même temps, elle lit des auteurs juifs et se lie avec un prisonnier soviétique, qui deviendra le père de son fils. Et plus tard avec un Turc. Plutôt déroutant. Pourtant, même ceux qui dénoncent certains de ses revers (et qui pourraient faire en sorte quon en fasse un portrait peu flatteur) sentendent sur ses qualités. Malheureusement, en tant que lecteur, nous ne disposons jamais de lopinion, du point de vue ni même du moindre commentaire de Léni elle-même. Quest-ce quil faut retenir de ce roman ? Peu importe tous les documents et tous les témoignages que lon peut accumuler sur une personne, le portrait quon en dresse sera toujours incomplet. La preuve ? À la fin du roman, malgré toutes les informations quon dispose sur Léni, elle demeure un mystère. de plus, à travers et au-delà son portrait de Léni,Heinrich Böllnous offre un portrait de lAllemagne, allant de lEntre-deux-guerre jusquaux années 70. La vie dans la petite bourgeoisie, léducation des jeunes filles, le rôle de la femme, le commerce important des couronnes de fleurs pendant la Seconde guerre mondiale, le sort réservé aux juifs puis aux prisonniers russes. Mais cest à peine si Léni semble en avoir conscience. On dirait quelle est insensible à tout ce qui se passe autour delle, un simple voyageuse, perdu au milieu de ces années de tourmente. Les romans de Böll ne sont pas dapproche facile. En tous cas, pour moi. Je sens toujours que je me livre à un exercice intellectuel ardu. Et il y a cette distance (quoique, dans ce cas-ci, lapproche journalistique ou denquête me semble appropriée). Mais, si jaccroche difficilement, je persévère toujours. Puis, tout dun coup, il y a ce moment qui me perd complètement. Dans le cas présent, cest le voyage quentreprend le narrateur-enquêteur en Italie pour questionner soeur Clémentine. Trop étrange à mon goût et, surtout, peu utile. le roman sétirait et javais perdu lintérêt à continuer dans le délire de lauteur. Je pense souvent à cet enseignant de littérature qui nous faisait lire des oeuvres indigestes ou pénibles et qui, pour nous encourager, nous vantait leurs qualités artistiques, leur originalité. Avec le recul, je me dis quil navait pas tort, mais cela ne rendait pas les romans plus accessibles ou intéressants. Eh bien cest souvent à cet enseignant que je pense quand je lis duHeinrich Böllou encore duGünter Grass. le chemin nest pas aisé, je ne comprends pas tout, mais, malgré tout, jen retire toujours quelque chose rendu à la fin. Même si je ne men rends pas compte sur le moment...
Illustration :
Collection :"Le Livre de Poche" n°5170
Série :
Éditions : du Seuil
Années :1978
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